APERDYNE LE FILM - SAISON 1
UN MONDE BIEN RÉEL
Les Hommes ont observé la nature et ils ont vu, que rien de ce qui existe n’est apparu seul : les plantes, les bêtes et les Hommes, n’existent que parce qu’ils se reproduisent. Personne ne nait de rien. Je nais de mes parents, qui sont nés de leurs parents, qui, eux-mêmes, sont nés de leurs parents… Les Hommes se sont demandé alors, si l’on remontait ainsi jusqu’à l’origine, de quoi était né le monde au commencement. Ils en ont conclu qu’il devait y avoir quelqu’un, ou quelque chose, qui avait créé tout ça. Et ils ont fini par l’appeler Dieu. Ainsi, même si Jésus ne nous a pas dit comment s’est fait le monde, il connaissait la Torah (l’enseignement divin transmis par Dieu à Moïse), qui, elle, en parle avec la Genèse (le récit des origines). Où Dieu est considéré comme étant d’un ordre supérieur, transcendant, créant le monde et tout ce qui existe.
La science avec la théorie du big bang, elle, s’affranchit de la nécessité d’un dieu. Parce qu’elle considère notre monde comme étant immanent : c’est-à-dire qui comporte en soi-même son propre principe et ne nécessite pas l’intervention d’un principe extérieur. Elle s’oppose donc à la transcendance, qui suppose toujours des ordres, différents. La transcendance exclut ainsi tout contact réel avec le monde et d’autant plus avec la chair. L’opposition ontologique, entre transcendance et immanence, recouvre l’opposition spatiale, entre extérieur et intérieur. La transcendance est : dépassement, sortie hors des limites du monde, par référence auquel elle se donne à concevoir. De même, l’immanence est : maintien à l’intérieur de ces mêmes limites. Dans ce cas, un dieu personnel créant le monde ne peut donc pas faire partie de ce même monde…
Le problème pour l’humanité est qu’elle ne peut juger des choses, qu’en fonction de ce qu’elle peut appréhender. Et en l’espèce, uniquement de ce qui est de l’ordre de la matière ou de l’énergie. Mais si l’on peut considérer l’espace ou le vide comme étant non-matière, la vérité, c’est que ce n’est pas « rien », même si cela dépasse notre perception et notre entendement. Avec le big bang, la théorie se fonde sur des observations, pour expliquer le monde. Elle voit la création de notre nature, à l’image d’un ballon de baudruche, où l’espace aurait gonflé à la suite d’une étincelle primordiale. C’est une façon simple de se représenter les choses, pour que cela soit compréhensible. Et comme à l’époque où l’on théorisait que la Terre était plate, on cherche à se représenter le monde, en fonction de ce que l’on observe et de ce que l’on connait. Mais aussi avec une part spéculative que l’on crée : celle de l’inconnu, pour que l’ensemble nous paraisse cohérent. Il manquait beaucoup d’éléments à l’époque, pour conceptualiser quelque chose de véritable, et la théorie de la terre plate peut nous sembler bien naïve aujourd’hui. Pourtant, les gens ne réfléchissaient pas moins bien dans le passé. Ils théorisaient les choses au mieux, selon les moyens techniques et les connaissances qui étaient disponibles à l’époque.
Avec la théorie du big bang, nous faisons de même, à l’aide de nos moyens techniques plus évolués, nos connaissances accumulées et notre réflexion. On échafaude les raisons de notre monde, de la même façon, à partir de ce que l’on peut observer de la nature et d’une part spéculative également. Mais l’évidence, c’est que l’intelligence humaine ne peut dépasser ce qu’elle est capable d’emprunter à la nature, et si celle-ci est immanente, un au-delà n’est alors pas envisageable. De nombreux paradoxes émergent ainsi dans cette vision, où le monde se serait fait seul, contrairement au temps de la terre plate, où la vision d’un monde transcendantal nous épargnait les parts de l’inconnu. Car tout ce que l’on ignorait était attribué à Dieu. Aujourd’hui, tout ce qui ne nous est pas connu par l’héritage ou l’expérience nous empêche donc d’avancer dans la compréhension. Et dans un monde immanent où Dieu n’a pas sa place, les pièces manquantes du puzzle sont remplacées par la malléabilité des mathématiques, à qui l’on fait dire la vérité qui nous convient. Sur le principe, les choses n’ont alors pas changé. Mais un monde immanent, lui, fera que l’être humain ne dépassera jamais l’observation de la nature. Car c’est notre nature qui conditionne notre entendement et c’est parce qu’il n’y a pas d’intelligence supérieure chez l’Homme que nul ne peut le dépasser !
La théorie du big bang nous est ainsi révélée par l’observation de la nature. On observe, que semble-t-il, une partie des galaxies ont tendance à s’éloigner les unes des autres au fil du temps. La logique veut alors qu’elles soient concentrées en un même point, si l’on remonte le cours des événements. Car cela se fait dans toutes les directions que l’on observe. Cette logique, qui parait la plus probante s’impose donc de fait, excluant d’autres logiques possibles. Parce qu’elle reste dans le domaine de l’observable. Mais cette vision, même si elle parait la plus évidente, ne tranche tout de même pas la question d’un dieu éventuel. Car elle est impuissante à démontrer qu’il n’existe pas. Tout ceci est alors symptomatique d’une certaine évidence, les choses vont bien au-delà de ce qu’il nous est possible d’imaginer, et que l’imagination des Hommes reste toujours à l’aune d’une immanence, incapable de se suffire à elle-même.
Au temps de Jésus, on se représentait le monde bien différemment et l’on peut comprendre que lui n’avait pas vocation à nous expliquer la mécanique de notre nature. On peut d’ailleurs déceler qu’il était en accord avec les croyances de l’époque. Car lors de sa traversée du désert, où il subit la tentation du diable, celui-ci le transporte sur la plus haute montagne, pour lui montrer tous les royaumes du monde… Même s’il s’agit d’un songe, par son récit, il est évident que Jésus était en accord avec les croyances de l’époque, corroborant l’idée que la Terre était plate. Puisque la vision de tous les royaumes du monde ne peut se faire si la Terre est ronde. Alors si son ignorance n’était pas juste un renoncement, on pourrait penser que finalement Jésus n’avait rien de divin, car il ignorait déjà le plus élémentaire. Comment aurait-il pu nous parler des mystères de Dieu, sans tomber dans l’imaginaire ? Mais comme il ne nous a pas parlé de la nature de Dieu en des termes physiques ou mécaniques ; cela reste en parfait accord avec l’idée que notre monde est transcendant, qu’il s’agisse d’un renoncement ou pas. En effet, si Jésus avait possédé des connaissances qui dépassent l’entendement, du fait de sa divinité, cela aurait prouvé l’immanence de notre réalité. Cela aurait démontré que si Dieu existe, il peut faire partie de notre monde à part entière, comme le laissent entrevoir certaines philosophies, et non à un état supérieur d’où tout serait parti. Si Jésus était Dieu, une part de Dieu ou même juste inspiré par Dieu, alors il ne pouvait pas en être autrement. Jésus ne pouvait que croire en l’idée que la Terre était plate…
Encore une fois, la parole de Jésus démontre sa toute-puissance, par les subtilités que l’on n’entrevoit pas forcément. Elle corrobore le fait que Dieu ne peut être ou faire partie de sa création. Un peu comme le marionnettiste, qui crée un personnage à son image, puis l’anime, semblant lui donner le réalisme qu’il faut pour que nous paraissent le vivant. Mais si le marionnettiste et son personnage, sur scène, nous paraissent faire partie du même monde, à l’image d’un père et son fils ; le fait est, que le marionnettiste et son personnage ne sont pas de même nature. Le marionnettiste n’est pas fait de tissu et de bois et la marionnette n’est pas faite de chair, même si l’illusion est parfaite. Cette illusion est transmise par les fils qui les relient, les fils qui transmettent la vie…
Pour Jésus, il en est de même. Pour les croyants, il aurait été, ni vraiment Homme, ni vraiment Dieu, mais tous deux se ressemblent, car ils sont reliés par les fils qui animent Jésus et qui donnent une relation possible à Dieu : l’Esprit saint. De cela nait l’idée de la Trinité, où Jésus, même s’il était Homme, est inséparable de Dieu et de ce qui les relie. Il était, en quelque sorte, une partie de Dieu, par extension, de ce qui le reliait à lui avec l’Esprit saint. C’est en cela que Jésus a exprimé sa divinité, sans prétendre être Dieu lui-même, au sens strict. Mais l’Esprit saint, s’il peut donner à Jésus son statut idoine, est-ce pour autant caution, à ne pas connaitre les mystères de notre nature ? C’est que, parce que si notre monde est transcendant, Dieu ne nous est pas accessible directement dans notre nature. La marionnette ne peut expliquer la chair, elle ne peut expliquer le monde, au-delà des limites de ce qui la relie au marionnettiste.
Les premiers chrétiens, eux, ont interprété cela et nous donnent à le comprendre par la « kénose », qui est la doctrine du dépouillement de Jésus, lors de son incarnation. La kénose serait, pour Jésus, le renoncement à soi et non un dépouillement de sa divinité, pas plus qu’un échange de sa divinité contre l’humanité. C’est l’idée que Jésus s’est dépouillé lui-même, en prenant une condition de serviteur, en devenant semblable aux êtres humains ; se soumettant aux limites humaines, comme la faim et la soif. Alors tout en restant Dieu, Jésus s’est dépouillé de sa gloire céleste et de sa relation en face à face avec Dieu. Il a abandonné son autorité propre et s’est entièrement soumis à la volonté du Père. Mais l’on pourrait se demander tout de même, si Jésus était Dieu, comment il est possible qu’il ne sache pas tout comme Dieu. Il semble que pendant sa vie sur terre, il ait renoncé à recourir à certains de ses attributs divins. S’il était toujours parfaitement saint, juste, miséricordieux, plein de grâce, droits et aimant ; son omniscience et son omnipotence, elles, étaient limitées à divers degrés. Avec la kénose, Jésus a renoncé à un certain nombre de choses, mais il en a acquit d’autres. Car avec sa nature humaine, il s’est humilié lui-même : il est passé de la gloire suprême au Ciel, à une vie humaine qui s’est terminée sur la croix. Par un acte d’humilité suprême, Dieu est devenu un être humain et est mort pour sa création. La kénose, c’est Jésus qui prend une nature humaine, avec toutes les limites qui lui sont propres, à l’exception du péché.
Du coup, l’humanité n’entrevoit rien de ses origines et de sa raison d’être. Et si Dieu lui-même ne peut nous aider à comprendre, Dieu devient alors juste l’incompréhension des Hommes et non une réalité. C’est le paradoxe de Jésus se voulant être à l’image de Dieu, mais impuissant à exprimer cette réalité par le verbe. D’où la nécessité des miracles. Mais comme les miracles ne peuvent s’exprimer en termes d’écriture, ils n’apportent donc rien à ceux qui ne les ont pas vécus. Cette insuffisance fait que l’humanité a du mal à accepter, que cette incroyable merveille qui fait son être puisse être le fait de quelque chose d’incroyablement plus merveilleux et qui puisse lui échapper autant. Elle veut alors savoir et sans détour, elle refuse de se soumettre à l’idée d’un état supérieur, qui la reléguerait à l’objet, et de ce fait à pas grand-chose. En conséquence, elle défend l’idée inverse d’un Dieu transcendant, pour affirmer son importance, et théorise la sphère de l’immanence, pour la compréhension d’un monde à sa mesure : avec la théorie du big bang. Mais la vérité, c’est que l’humanité ne s’en sortira pas sans Dieu, car elle ne peut dépasser cette idée…
LE COMPLEXE DE L'ORACLE