APERDYNE LE FILM - SAISON 1

LE COMPLEXE DE L'ORACLE

Épisode 21 : Les marionnettes de Dieu

LES MARIONNETTES DE DIEU

La question du hasard est alors un sujet important à discerner, si l’on veut concevoir la possibilité d’un au-delà. L’idée, c’est que du désordre naturel, du chaos sur lequel semble reposer toute notre réalité, émergent les choses qui constituent notre univers par hasard, jusqu’à nous-mêmes. Mais c’est l’idée également que dans ce hasard créant le monde, le vivant possède son libre arbitre, contrairement à un hasard qui n’existerait pas, où tout serait défini à l’avance. On a donc une nature qui se serait faite par hasard, créant l’Homme, qui lui, ne subirait pas ce hasard pour ses choix… Car on comprend facilement le phénomène de cause à effet, on le constate tous les jours dans notre vie quotidienne. C’est parce que j’ai fait ceci, que les conséquences en ont été celles-là… Pour une action, une réaction, ou pour une cause, une conséquence… Et ce qui parait nous influencer malgré tout, nous pouvons le déjouer par notre liberté d’agir : notre libre arbitre. La pluie survient, qu’importe, je me mets à l’abri, ou pas…


Avec le libre arbitre, les Hommes ont de ce fait compris depuis longtemps que pour eux, les événements leur appartenaient. Que dans un monde dans lequel règnerait le hasard des événements, ils peuvent agir pour modifier les événements ! Avec le libre arbitre, l’Homme devient maitre de son destin, que Dieu existe ou pas. Les choses sont simples du point de vue du vivant, le hasard ne concernerait que ce qui ne l’est pas. Mais reste que les choses ont toujours une origine et qu’en conséquence, chaque chose a sa raison d’être. Puis, il y a ce que l’on ne s’explique pas, ce qui n’est pas visible par la dimension et par le temps, ce qui fait que nos actions ne donnent pas toujours le résultat escompté.


Alors, si l’Homme s’est longtemps interrogé, sur bon nombre de phénomènes naturels, dont il a levé le voile maintenant ; sur le principe de la cause, il a principalement associé son ignorance aux forces qui le dépassent, ayant un libre arbitre comme lui, étant donc forces du vivant, comme lui également… Ce qui dépasse l’Homme vit donc et agit comme l’Homme. C’est une logique assez naturelle, qui perdure encore aujourd’hui chez les croyants, malgré les progrès incontestables qui révèlent peu à peu les mystères du monde. Mais c’est malgré tout, parce que l’Homme n’a pas levé le voile sur tout ce qui fait notre réalité, que persiste l’idée du vivant supérieur qui agit. L’histoire des religions et de leurs dieux est longue et complexe, point n’est utile ici d’en faire l’exégèse. Mais pour résumer en un mot, le polythéisme, puis le monothéisme qui s’est imposé par la suite, personnifient toujours, la ou les forces qui nous dépassent et constituent encore le refuge de l’inconnu pour les Hommes. Dieu est en conséquence à l’image de l’Homme, parce que Dieu est une interrogation humaine. Il a rarement été concevable, pour l’Homme, que ce qui vit et agit, pour ou contre lui, soit alors très différent.


Aujourd’hui, on imagine difficilement que Dieu puisse être le soleil, par exemple. Pourtant, il est source de vie à bien des égards. Nous savons que sans lui, il n’y aurait aucune vie sur terre. Non, un dieu doit donc agir et être mobile, de façon clairement identifiée. Autrement dit, être comme nous, au moins sur le principe… Le soleil ne nous semble pas être du domaine du vivant, même s’il n’est cependant pas inerte, il influence nos vies à sa manière, agissant sur notre présupposé libre arbitre, comme bien d’autres phénomènes naturels. Dans ce cas alors, le Soleil ne pourrait-il pas être une part de l’intelligence, ou de l’intention de Dieu ? Cela peut paraitre fou, mais imaginer que l’univers dans son entier soit nécessaire au vivant, n’est pas moins insensé, que la vie soit due au hasard…


Et c’est encore la difficile question, pour déterminer ce qui est vivant de ce qui ne l’est pas, afin de se positionner. Comme pour le bien et le mal, l’intelligence ou le hasard, l’enjeu est de savoir qu’elle est notre place exacte, quant à la complexité de notre nature. Toujours est-il, que nous identifions facilement, de visu, ce qui tient du vivant, et qu’un dieu doit donc l’être, comme nous l’identifions. Dieu devient alors la force vivante qui nous dépasse et qui agit… Il devient le point de départ de tout, créant et agissant. Ce qui ne laisse aucune place au hasard, car il est à même d’agir en tout et en tout lieu. Corroborant ainsi le principe de causalité, qui, semble-t-il, caractérise notre réalité. 


Cette idée puissante a longtemps prévalu, mais s’est tout de même confrontée au constat, puissant également, de notre libre arbitre. Parce que Dieu ne parait pourtant pas agir à notre place. Comme le confirme Jésus, chacun agit comme bon lui semble et nulle force supérieure n’interfère en cela, jusqu’à preuve du contraire… Alors Dieu serait ainsi désintéressé de l’action des Hommes ? Si ce n’est pas le cas, ainsi son intérêt est possiblement total. Et force est d’admettre que chacune de nos vies pourrait suivre un plan établi par Dieu : le destin… Destin qui ferait de nous, juste de possibles marionnettes de Dieu. Idée très difficile à intégrer, car ce n’est pas dans la nature de l’Homme dominant et agissant, semble-t-il, en totale liberté. 


Ces deux conceptions s’opposent radicalement. D’un côté la liberté totale et le libre arbitre, cautionnant ainsi le hasard et de l’autre, le contrôle de Dieu sur chacun d’entre nous, réglant ainsi notre sort. Mais Dieu, peut-il nous faire un destin de destruction, de souffrances ou de misère ? C’est très difficile à accepter, car personne ne veut d’un tel destin… Le hasard s’impose donc et doit être discerné. Sinon il devient juste une bonne raison du refus de Dieu, tout en omettant la possibilité que le plan de Dieu puisse passer par la misère ou la souffrance de ses sujets…

 

Alors si le hasard existe, on peut penser qu’il doit s’appliquer à l’ensemble de notre réalité et dans toutes les dimensions. Mais de notre point de vue, celui de l’Homme, que l’on nomme macroscopique, tout parait indiquer que le hasard n’existe pas. En effet, on peut trouver une cause à tous les événements que l’on est capable d’appréhender. En tant qu’humain, chacun le sait bien, que ce soit de l’ordre du bonheur ou du malheur, une raison est toujours à l’origine de cela. Le hasard n’aurait alors pas sa raison d’être. Et même, si quelque chose, comme le tirage de la loterie, semble fortement soumis aux effets du hasard, il n’en est rien. Car le simple fait de jouer suffit à démontrer que gagner ne peut être dû au hasard. Mais il y a parfois des phénomènes qui sont d’une dimension telle, qu’il nous est impossible d’en identifier la cause, et que, par réduction, nous les qualifions de hasards. Cependant, la raison d’être du hasard est impossible à trouver et fait que l’Homme n’a donc jamais réalisé une machine produisant ce hasard…


Alors pourquoi cette idée du hasard, existe-t-elle cependant ? C’est que le hasard ne se situerait pas à notre échelle, mais à celle du microscopique : celle des atomes. Dans l’infiniment petit, de nombreuses choses nous échappent, ne trouvant pas leurs justifications, le hasard y a donc pris une place toute particulière pour expliquer le monde. D’abord, au niveau des particules élémentaires, il est difficile de trouver une cause à leur apparition. On parle alors d’indéterminisme. Lorsqu’on étudie une particule, on se confronte à une incertitude, parce qu’il existe une limite fondamentale à la précision, avec laquelle il est possible de connaitre, simultanément, deux propriétés physiques d’une même particule. On ne peut connaitre en même temps, sa vitesse et sa position, par exemple. Puis, lorsqu’on mesure cela de façon répétée, les résultats ne sont jamais identiques. Cet indéterminisme a de ce fait été attribué au hasard.


Ensuite, quand on étudie les atomes, on constate que l’état d’énergie des électrons, autour des noyaux atomiques, varie. Ce phénomène est appelé «saut quantique» ou «transition quantique», car symboliquement, les électrons qui gravitent autour du noyau s’approchent ou s’éloignent de lui, comme s’ils faisaient des bonds. Ce sont d’ailleurs les sauts quantiques, qui sont à l’origine des émissions électromagnétiques, donc de la lumière. Faisant des atomes, d’incroyables petites machines à distribuer l’information et l’énergie. 


Mais les sauts quantiques se font de manière apparemment instantanée, ils sont trop brutaux pour se révéler d’une évolution graduelle ; contrairement à une description classique où l’énergie est distribuée en continu, et même trop rapide pour répondre à une règle du type, limite de la vitesse de la lumière. Alors, hormis faire appel à des mécanismes du vide quantique, qui ne nécessite pas de flèche du temps, ni de vitesse limite, l’explication de ce phénomène n’appartient déjà presque plus à notre réalité. Et pour ce qui est de la fréquence des sauts quantiques, elle se base sur des statistiques, semblant démontrer qu’il s’agit d’un phénomène totalement aléatoire, ne permettant pas d’en démontrer une cause particulière. On en déduit alors qu’il est question d’un pur hasard également…


Voilà, cependant le saut quantique, en lui-même, n’est pas expliqué, on ne sait pas comment les états stationnaires se maintiennent ou évoluent vers un autre état. On ne comprend pas ce qui se passe lorsque le système passe d’un état à un autre, sous l’effet d’une perturbation, et dans quelles conditions, le système revient à son état initial. La physique quantique décrit le monde avec des atomes dans un état, puis dans un autre, sans aucune raison. Comme une pièce de monnaie qui serait pile ou bien face, sans jamais rien ni personne pour la retourner, mais que nous pouvons évaluer tout de même avec précision. Alors peut-on vraiment expliquer le monde par un phénomène stationnaire, sans comprendre comment il se forme et se maintient ? Le hasard, ne serait-il pas juste une bonne excuse pour occulter notre ignorance ? Ne sommes-nous pas plutôt, devant des phénomènes essentiellement transitoires et non pas stationnaires ? Car de nouvelles expériences ne cessent de démontrer que nos certitudes sont fragiles et que peut-être, les sauts quantiques s’effectuent de façon continue, cohérente et déterministe malgré tout. L’avenir nous le dira…


On comprend alors que bien des questions sont encore sans réponse, quant à la complexité de ce monde subatomique. Bien des curiosités et des paradoxes apparaissent à mesure que l’on étudie son fonctionnement. On comprend également que l’idée du hasard, acquise collectivement par nos esprits, risque d’être fortement remise en question à l’avenir. Car elle est loin d’être une certitude scientifique, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Mais si tout ça est bien la preuve que le hasard existe, cela voudrait dire que la science a déjà mis le doigt sur le terme du principe de notre réalité. À savoir : que tout n’est finalement dû qu’au hasard et que la réalité semble pouvoir s’expliquer très bien, sans l’existence de Dieu. Autrement, on comprend plutôt, que le hasard ne fait que démontrer, que les choses vont bien au-delà de notre compréhension et de ce qui nous est observable. Le hasard nous dit alors, que la physique quantique tient en sa nature, bien des mystères que l’on ne soupçonne pas…

LE COMPLEXE DE L'ORACLE

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