APERDYNE LE FILM - SAISON 1

LE COMPLEXE DE L'ORACLE

Épisode 20 : Le sort en est jeté

LE SORT EN EST JETÉ

Croyez-vous en Dieu ou non ? Cette question nous a tous été posée un jour ou l’autre et la réponse, si elle n’a pas été incertaine, a tout au moins été conditionnée par des repères, qui sont en chacun de nous, afin de nous déterminer. Il y a l’influence des croyances spirituelles, auxquelles on adhère ou pas. Et celle de la science, maintenant suffisamment conséquente, pour nous désorienter ou nous conforter dans l’idée que Dieu n’est plus nécessaire, pour nous situer par rapport à notre nature. Mais ces repères qui nous déterminent sont rarement le fait d’une étude approfondie. Car nous fonctionnons par raccourcis, nous mémorisons des éléments simples pour vivre et nous déterminer. Nous ne procédons pas à de longues analyses, pour pouvoir communiquer. L’étude approfondie d’un sujet passe nécessairement par une contrainte ou un intérêt particulier. On étudie… Ce qui fait que pour certaines questions, nous sommes plus spécialisés. Mais pour fonctionner dans notre environnement, nous n’avons pas souvent besoin de longues périodes d’apprentissage, comme pour apprendre à marcher ou à parler. On se contente d’éléments fragmentaires, transmis les uns aux autres. Fragments de vérité, étudiés par des spécialistes, garants de leurs longues périodes d’études sur un sujet donné. Nous ne pouvons pas étudier longuement, tous les sujets qui nous servent à communiquer. On se sert du savoir d’autrui, pour le transmettre à notre tour. Notre savoir est donc en partie collectif.


Mais est-ce que le savoir d’un spécialiste peut servir de référence ? Car la connaissance d’un sujet précis, par un individu, ne peut-elle pas être sous l’influence de ce qu’il ignore également ? Parce qu’il faudrait que le spécialiste d’un sujet soit à même d’appréhender tous les paramètres en relation avec son sujet, pour arriver à une vérité relative. Il est toujours possible de contester, argumenter ou compléter l’agrégation d’un sujet… Alors de la part de ce que l’on ignore, peuvent naitre « les idées reçues ». Ces choses que l’on croit savoir, parce qu’elles nous ont été transmises par quelqu’un qui nous semble être crédible. Donc si pour certains d’entre nous, Dieu peut se concevoir, il est intéressant de faire une étude approfondie des sujets qui peuvent susciter le doute, afin de pouvoir se déterminer au mieux.


Parmi ces sujets, on retrouve celui du bien et du mal. La nécessité de discerner cette idée est importante, car elle impose aux Hommes une relation à Dieu, toujours en suspens de fautes ou d’imperfections. Que si Dieu existe, alors il faut s’efforcer de lui plaire ! Mais la faute des Hommes n’est pas toujours perceptible et la responsabilité de Dieu peut ainsi trouver sa cause. C’est une idée collective forte. En effet, comment appréhender un dieu, qui aurait créé notre nature aussi parfaite et laisserait faire tant de défauts parmi les Hommes ? Du coup, les horreurs incompréhensibles issues de notre monde peuvent créer le rejet de ce dieu ; incapable de faire la part des choses, de corriger sa création, qui n’aurait tout simplement pas de sens pur, ou bien qui n’existerait tout simplement pas… C’est cette difficile justification à se positionner par rapport à Dieu et qui tourmente les Hommes depuis des millénaires, qu’il est nécessaire de prendre en considération dans sa plus stricte notion, afin de libérer nos égos de cette « emphase », qui nous caractérise par rapport à lui ! Le bien et le mal sont des constructions collectives de l’esprit humain, incapable de se situer par rapport à l’équilibre de notre nature dualiste. Accepter l’idée de bien ou de mal en tant que cause réelle, impose au jugement systématique et crée du coup des barrières infranchissables, à l’approche d’un dieu dans son idéologie. 


Comme Jésus nous l’a enseigné, le mal n’appartient qu’aux Hommes et si l’Homme est libre, il peut donc choisir entre le bien ou le mal. Mais appréhender un dieu parfait, unique et bon, c’est en quelque sorte s’affranchir de faire le choix du mal. Alors, appréhender un dieu pour cela, est-ce une liberté ? Car la foi devient une contrainte nécessaire, où si vous ne voulez pas du mal, vous devez donc croire… Non, si l’Homme est libre, la liberté individuelle, c’est de pouvoir choisir de croire en Dieu, en son âme et conscience, avec ses propres justifications. Et pourquoi devrais-je croire, tandis que je ne fais pas le mal, pourrait-on se demander ? Eh bien justement, le péché est là pour vous rappeler le mal que vous faites ! Les péchés : liste d’interdits universels, auxquels aucun être humain ne peut s’enorgueillir de n’avoir jamais failli. Il s’agit de l’acédie, l’orgueil, la gourmandise, la luxure, l’avarice, la colère et l’envie. Difficile de n’avoir jamais fait le mal dans ces conditions… La croyance en Dieu devient alors surtout une contrainte pour ôter le vice et se purifier. Une façon de se conformer pour ne pas être puni, que ce soit par Dieu ou par soi-même, mais en tout cas pas une volonté tenace en l’existence de Dieu, la seule qui donne une foi solide. Car ce qu’on identifie comme tenant du péché est en fait les nécessités naturelles de l’Homme, mais qui posent des difficultés pour une vie en nombre, qui n’est pas naturelle. Sauf si, comme les fourmis, le rôle de chacun est strictement défini. Et chez l’Homme, les tentatives en ce sens ont toujours largement échoué, puisque le libre arbitre s’oppose à l’ordre établi. En conséquence, une règle de société ne changeant pas la génétique, le mal persiste alors… L’idée du bien et du mal ne doit donc pas entrer en ligne de compte, si vous souhaitez appréhender un dieu en liberté. Votre désir doit être profond, pour des causes qui n’appartiennent qu’à vous, et non à des idéologies qui forcent votre assentiment.


Un autre sujet qu’il est intéressant d’approfondir est celui de la question de l’intelligence. Il est plus simple de concevoir un dieu éventuel, si vous vous êtes préparé à l’idée, que l’intelligence peut appartenir à autre chose qu’à l’esprit humain. Et qu’il n’est pas nécessaire d’avoir une forme biologique évoluée comme la nôtre, pour que puisse exister une forme d’intelligence ! Puis, que l’intelligence n’est pas un phénomène qui s’accumule au fil des générations, à mesure des réalisations de l’Homme. Qu’elle est due à la structure des choses dans son ensemble et non, juste à un résultat substantiel organique. Parce que l’intelligence peut appartenir à autre chose, qu’à ce qui nous semble vivant ou qui nous ressemble. Et à ce propos, rappelons que la définition du vivant nous échappe toujours, hormis le fait biologique qui considère vivant : tout ce qui peut se constituer, en construisant sa propre matière vivante et qui est capable de se reproduire. Là encore, la question du vivant n’échappe pas à la règle du déterminisme. À partir de quand, ou de quoi, quelque chose est vivant ? Si l’intelligence n’appartient qu’au vivant, alors il est nécessaire de pouvoir déterminer ce qu’est le vivant exactement. Cela oblige à désigner des critères stricts, qui, du coup, peuvent être fortement soumis à l’épistémologie. Ainsi la notion du vivant évoluera sans doute, comme elle a déjà évolué dans notre histoire, pour finalement admettre un jour, pourquoi pas, que tout est vivant, puisque tout évolue. 


Mais notre nature est vivante et intelligente, n’en doutons pas. L’évolution de nos connaissances tend vers ça, de façon irrésistible. Et l’Homme doit faire preuve de beaucoup d’humilité, afin de ne pas constamment juger des choses repliées sur lui-même, car cela l’empêche de voir et de comprendre tout un pan du possible. Et ce n’est pas, parce que nous ne voyons pas les choses, qu’elles n’existent pas. Alors, considérer l’intelligence comme le propre de l’Homme est juste un carcan idéologique, qui empêche de considérer que puisse exister quelque chose qui lui est supérieur. C’est assez symptomatique de notre nature humaine, dont l’instinct de préservation nous a conduits à dominer le monde. Et le fait de ne plus avoir de prédateurs depuis des temps immémoriaux, participe à l’idée que nous sommes au sommet, de ce que l’univers a pu réaliser de mieux. Mais l’Homme a pourtant le sentiment, qu’il est possible que ce ne soit pas le cas et la peur le pousse donc au rejet systématique, en ne considérant les choses, que si elles peuvent être à son avantage. C’est un réflexe inné qui est en nous depuis longtemps maintenant. Mais il est important de faire les efforts de compréhension, de ce qui constitue nos faiblesses, si l’on souhaite vraiment comprendre ce que nous sommes, et ce qui nous anime. Autrement, la vérité d’un dieu éventuel ne peut mener qu’au déni.


Enfin, une autre notion qu’il est important de fixer et de prendre en considération est la question du hasard. Le hasard, existe-t-il ou non ? Si le hasard n’existe pas, alors tout est beaucoup plus simple, il laisse la place à toutes sortes de considérations possibles. Il n’y a pas de conflits entre ce que l’on observe et ce que l’on ignore. C’est juste la méconnaissance de la raison d’être des choses. Mais dans le cas contraire, il faut bien arriver à intégrer et à expliquer, des tas de phénomènes paradoxaux que l’on observe et qui paraissent ne pas avoir de sens. Et comme accepter ce qui n’a pas de sens n’est pas tellement dans notre nature ; l’objet du hasard trouve alors sa place, à colmater la vacuité de notre perception et nous conforte dans l’idée du savoir. Car désigner le hasard, c’est donner la vérité par la connaissance. 


Mais ça n’a jamais fonctionné comme ça dans notre histoire, c’est un concept récent et compliqué à intégrer. Parce que rien de ce que l’on connait et que l’on observe, n’est, semble-t-il, sans raison. Notre conscience, au contraire, s’est toujours forgée dans la raison des choses. Mais aujourd’hui, avec la science qui a révélé tant de choses sur notre nature, tant de choses que l’on croyait divines ; l’être humain pense qu’il finira par répondre, tôt ou tard, à toutes les questions qu’il se pose. Il place donc le hasard où ça l’arrange, il bouche les trous de l’ignorance, en attendant de trouver des réponses. Mais comment colmater une image qui serait fausse ? Peu importe, l’Homme a le sentiment de toute-puissance, ou en tout cas, de toute-puissance à venir. Et à force de démontrer que nul n’ait besoin de Dieu pour expliquer les choses, il invente le hasard, qui se substitue à Dieu pour expliquer les événements. Le hasard existe alors par le refus de Dieu.


Mais pour beaucoup, Dieu est équivoque. Le hasard devient ainsi une nécessité, parce qu’on refuse d’accepter l’idée d’un créateur. Au-delà de ça, l’existence d’un dieu induit en nous également, l’idée du pouvoir que celui-ci pourrait avoir sur nos vies. Le contrôle de notre libre arbitre peut ainsi devenir inacceptable pour beaucoup d’entre nous. Car nous devenons, du coup, privés d’un bien qui nous est dû et nous place au regard du dévoiement. De même, l’idée que nous puissions n’être que des marionnettes de Dieu n’est pas un sentiment instinctif non plus. Mais le libre arbitre existe-t-il vraiment ? S’il l’est, le hasard est alors nécessaire. Autrement, la notion de destin prend sa place, et là, on peut avoir du mal à se faire à l’idée que l’on ne puisse être servi à l’égal d’un autre ; puis de n’avoir d’autres choix que d’accepter son sort. La question du hasard est donc fondamentale à discerner, car d’elle découle la question du libre arbitre et du destin. Questions qui nous situent par rapport à Dieu.

LE COMPLEXE DE L'ORACLE

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