APERDYNE LE FILM - SAISON 1
LE HASARD ATOMIQUE
Donc, comment le hasard peut-il, ne pas exister au niveau macroscopique et cependant exister au niveau microscopique ? Cette question est légitime, car elle interpelle. Effectivement, si le hasard existe, pourquoi ne s’appliquerait-il pas, à toutes les échelles de notre réalité ? Et qu’est-ce qui fait, que ce qui est prévisible, puisse naitre, de ce qui ne l’est pas ? Cela est dû au phénomène de « décohérence quantique ». Au niveau des atomes, il y a des règles physiques qui se dégradent ou se transforment, à mesure que ceux-ci s’assemblent, pour former un ensemble plus grand : la matière que l’on connait. Tous les objets que nous connaissons, projectiles, planètes, animaux, etc. étant composés d’atomes ; il est logique de considérer que les règles de la physique classique, la nôtre, puissent se déduire de celles de la physique quantique, celle des atomes. Or, les tentatives en ce sens, ont posé de nombreux problèmes dès le départ et pendant très longtemps, semblant ne pas pouvoir correspondre. La théorie de la décohérence est née de cette difficulté et est à ce jour une des tentatives les plus satisfaisantes pour résoudre les problèmes, bien qu’elle ne traite pas la totalité de ceux-ci. La décohérence tente donc d’expliquer, la transition des phénomènes physiques, qui s’opèrent entre le monde des atomes et celui de la matière. Parce qu’il semble, que ce qui régit le monde des humains, est totalement différent dans l’infiniment petit. La notion de temps, par exemple, ne s’applique plus tel que nous la connaissons. On suppose même que le temps n’existe pas au niveau quantique. Et s’il n’y a pas de temps, alors la notion de hasard prend toute sa place…
Mais comment le temps peut-il ne pas exister ? La question du temps est un vaste sujet, traité par les grands esprits de notre histoire depuis longtemps, sans pour autant avoir trouvé sa cause réelle. Il y a cependant le temps personnel, celui qui nous est propre et qui est lié à nos sens et à notre mémoire. Puis, il y a le temps universel, celui de la nature, qui lui est lié au mouvement. Et selon les différentes échelles de mouvement, que subissent les éléments de notre nature, le temps s’exprime différemment. Le temps n’est donc pas d’ordre substantiel, que l’on pourrait qualifier quantitativement pour l’utiliser à notre gré. Il est un effet symptomatique des éléments qui composent notre nature, s’exprimant à la mesure de ce qu’il nous est possible de discerner. Le temps n’existe alors pas en tant que tel. C’est un ressenti que l’on a des effets de notre monde et c’est ce ressenti que l’on décrit comme étant le temps. Et de fait, au niveau atomique, le temps peine à se révéler à nous. Car les effets de la nature s’expriment autrement. Il semble alors, comme pour la matière, que le temps naisse du flou de la décohérence. Ainsi, il est difficile d’attribuer au temps, ce qui anime les atomes, si celui-ci ne nait que d’une construction plus évoluée. La vie des atomes parait donc être le fait du hasard, qui lui, ne se substitue pas au temps. Et si le hasard existe, il est ainsi la justification possible également, d’une réalité qui se serait faite toute seule…
Le savoir de l’Homme, en ce qu’il est capable d’appréhender pour l’instant, parait alors pencher en ce sens. On peut trouver une explication logique à ce que l’on observe et ce que l’on mesure ; mais comme pour la théorie de la terre plate en son temps, l’Homme construit son idéologie repliée sur lui-même. Parce qu’il le fait à partir de données fragmentaires, qu’il assemble à son avantage : celle de sa capacité de compréhension. Si l’Homme était fourmi, son idéologie serait formalisée également, mais bien différemment néanmoins. Car le fait est que la raison d’être des atomes et leur fonctionnement intime nous échappe totalement. On ne peut alors pas déduire la raison d’être de notre nature, de l’observation de ses effets uniquement. Il n’est pas possible d’ouvrir un atome, pour voir ce qu’il y a à l’intérieur, à l’image d’une coque de noix. Les expérimentations que l’on fait à l’aide des accélérateurs de particules ne font pas ce genre de choses. Il s’agit de propulser deux éléments l’un contre l’autre, afin de les casser, puis de leurs fragments, en déduire leur composition interne.
Mais la vérité, c’est que de la collision ne nait que de la production de matière nouvellement structurée, du fait de la désintégration des éléments collisionnés. Les clichés spectaculaires issus de ces expériences de collision ne sont que des images des trajectoires, opérées par des corpuscules dans un détecteur. À l’image des trainées laissées dans le ciel par les avions, les trainées nous renseignent sur les avions, mais elles ne sont pas les avions. Alors le résultat, s’il permet de déduire les niveaux d’énergie, qui entrent en jeu dans la structure des particules élémentaires, n’est en rien la démystification d’une mécanique interne des atomes. Ce n’est pas la preuve d’un hasard aux commandes. Ce n’est en rien la recette de la soupe, mais juste la liste des ingrédients. Car découvrir qu’une soupe est faite de carottes et de patates, ne nous révèle en rien la façon dont elle a été réalisée. La main de l’Homme et les instruments de cuisine ne se révèlent pas dans la nature des légumes. Cette analogie amusante donne à comprendre que la physique quantique ne peut se jouer de l’origine, par l’étude du résultat.
LE COMPLEXE DE L'ORACLE