APERDYNE LE FILM - SAISON 1

LE COMPLEXE DE L'ORACLE

Épisode 25 : Je pense donc je suis

JE PENSE DONC JE SUIS

Lorsque l’on s’interroge sur son être, on ne peut que s’exacerber d’admiration devant tant d’ingéniosité de la part de la nature. On a beau prendre tout le recul nécessaire, que malgré tout, cela nous dépasse par sa magnificence. On peine à trouver les raisons qui font cet équilibre parfait des choses qui existent. À commencer par le fait que la vie puisse exister. Puis au-delà, que cette vie soit douée d’intelligence, pensante et à même de s’interroger sur sa raison d’être. Parce que cela pense, c’est-à-dire nous. Comment un ensemble composé d’atomes, ou d’énergie, peut-il penser ? Cette question, l’Homme se la pose depuis des lustres. Encore plus depuis qu’il sait qu’il est fait de particules élémentaires et de plus de 60 % d’eau. Quelle prouesse !


La science nous enseigne la création du monde et son évolution à partir d’éléments inertes. Mais c’est bien de ces éléments, supposés inertes, qu’émerge la vie et plus encore, la conscience… Ainsi peut-on expliquer le monde, sans prendre en compte, dès le départ, le facteur de la vie et de la conscience ? Est-ce que la vie est totalement dissociable des choses inertes ? Si cette vision est erronée, alors la difficulté reste de pouvoir en expliciter le sens et les raisons. Il semble plus simple de dissocier les choses et de dire que nous sommes faits d’éléments inertes, la matière, les atomes, l’énergie. Mais il est impensable qu’il n’y ait pas de liens entre ce qui parait inerte et ce qui tient du vivant. La difficulté, c’est de les trouver. Cela nous oblige donc à repenser ce qui tient de l’inerte, ou de ce qui ne l’est pas. 


Lorsque l’on fragmente la matière, en partie toujours plus petite, on en arrive à l’atome et aux particules élémentaires. Mais lorsqu’on s’interroge sur la transition entre les deux, sur ce qui fait que l’on passe d’une réalité simple et inerte, à une organisation complexe qui permet notre réalité, la matière et la vie ; on échoue immanquablement dans le flou de la décohérence, qui existe entre ces deux mondes. Pour la conscience, on ne s’embarrasse pas avec les fondements de la matière, ou de la création du monde. On considère qu’elle est juste en lien avec la vie et d’autant plus, émergente du cerveau. Nul besoin d’y voir une échelle de valeurs plus profonde. On y voit seulement une expérience subjective de l’esprit. Les choses sont moins contraignantes dans le sens où la conscience ne serait qu’une expérience locale. Où quand nous percevons quelque chose, pensons, ou agissons, une série de mécanismes neuronaux se déclenchent ; où le cerveau génère des signaux électriques et chimiques, qui activent des neurones se synchronisant. Mais si les mesures nous renseignent de façon objective, elles ne nous disent rien, du pourquoi cela crée la conscience et encore moins pourquoi la conscience existe. C’est symptomatique d’une certaine évidence, comment pourrait-on expliquer un phénomène émergent de la matière comme la conscience, sans prendre en compte les mécanismes de la matière elle-même ? Il y a peu de chance que l’on puisse expliquer ce que génère un objet (le cerveau), sans expliquer le fondement même de l’objet. Il manque des pièces au puzzle…


Expliquer la conscience ne peut donc passer que par une vision holistique des choses. La conscience, ce n’est pas comme décrire un objet rouge ou de forme ronde. Le cerveau doit ses mécanismes à des choses plus profondes et globales. La conscience a en elle, forcément une part qui concerne l’univers dans son fonctionnement. Elle a une part générale et une part locale chez l’humain : le cerveau, qui sert d’interface à son émergence. Quand nous pensons, agissons, voyons ou entendons, nous faisons une expérience subjective de notre moi intérieur. Nous faisons l’expérience d’une émotion, d’une douleur, d’un son, etc. C’est une expérience locale due à notre être, mais pas uniquement au niveau du cerveau. Le cerveau est une gare de triage, d’un ensemble, lui-même relié à un ensemble plus grand. De plus, on ne peut pas accéder directement à l’expérience subjective d’un autre, car elle est propre à chacun. On ne peut donc pas décréter que la conscience, c’est juste une mécanique due à un objet, un organe biologique. Hormis se résoudre à considérer la conscience comme étant seulement phénoménale : causée par une expérience de ce que l’on ressent. Mais ce que l’on ressent n’est pas mesurable, on peut juste demander à quelqu’un son ressenti, que l’on considère alors comme de la conscience. Avec un animal par exemple, on ne peut pas l’interroger afin d’évaluer son niveau de conscience. De même qu’avec un nouveau-né, pourtant, on est sûr qu’il en possède une. Cela ne suffit pas…


Avec l’imagerie cérébrale, on dispose d’un outil complémentaire pour sonder et mesurer l’accès à la conscience. Il vient en complément des études menées sur la conscience phénoménale. On peut faire des mesures et établir des corrélations avec l’activité cérébrale, par l’intermédiaire de nos sens par exemple. Puis de cela, pourquoi pas, découvrir les fondements de la conscience. Mais si, de l’analyse des mécanismes neuronaux, on peut comprendre quelle partie du cerveau s’active, on constate néanmoins qu’une grande part de l’activité cérébrale est inconsciente. La conscience que l’on étudie et que l’on observe n’est peut-être alors que la partie émergée de l’iceberg. 


De ces travaux, de nouvelles théories apparaissent, qui se fondent sur les corrélations physiologiques de la conscience. Mais ne donne pas de réponse, quant à la relation qu’il y a entre les phénomènes subjectifs et physiologiques. De plus, ces travaux partent de l’hypothèse que la conscience existe. Alors, trouver des corrélations, en se concentrant sur la perception, ne donne pas de liens de cause à effet. Même si la perception joue un rôle important dans la conscience, elle n’est pas non plus toute la conscience. La réflexion et les processus de mémorisation ont leur importance également. Si l’on considère l’émergence de la conscience, due à une certaine quantité d’information, intégrée dans le cerveau, c’est comme si l’on expliquait ce qui fait se diriger une voiture, en expliquant le volant uniquement. On n’explique pas pourquoi la conscience nait de l’intégration de toutes ces informations. Il faut bien prendre en compte la voiture dans son ensemble, son mécanisme qui fait son intelligence, comme participant à la possibilité qu’a le volant de diriger la voiture, volant considéré comme étant la conscience de la voiture. Pour le corps humain, il en est de même, la conscience n’émane pas du cerveau uniquement. Elle émerge par le cerveau d’un ensemble, le corps humain, dont la mécanique globale représente une intelligence ; qui permet de formaliser la conscience, par l’analyse que peut en faire le cerveau, afin de communiquer avec son environnement, communication nécessaire à la conscience.


Alors si la logique d’une vision holistique est la bonne, d’autres hypothèses sont possibles. Et à l’évidence, on peut en déduire que c’est l’univers, et ce qui le compose, qui est fait pour qu’émerge la conscience. Comme pour l’intelligence, la conscience est directement liée à la forme vivante, donc à ce qui nous structure. La conscience ne serait alors pas de même valeur, selon les Hommes, les animaux, les plantes, etc. Mais tous en auraient une. Celle que leurs structures seraient capables de générer, juste la conscience dont elles auraient besoin. Il n’est en conséquence, au premier abord, pas besoin d’avoir de cerveau comme celui de l’Homme, pour avoir une conscience. Nul n’est alors besoin de chercher la conscience uniquement dans des neurones. Tout ce qui possède des capteurs et capable d’analyse est potentiellement porteur d’une conscience. La conscience n’est pas juste une chose en soi, qu’il faille chercher à qui en possède ou pas. Si elle est composite, elle se crée et évolue au rythme de la complexité, de tout ce qui se trouve dans l’univers.

 

Mais pour qu’il y ait conscience structurée, il faut qu’il y ait vivant, et donc un niveau de complexité évoluée. La conscience est alors un effet issu de paramètres simples, qui part de l’atome et se complexifie à mesure de la nature que prend la matière. Si l’on peut dire qu’un atome ou une pierre possède de la conscience, ce n’est ainsi que de la conscience élémentaire. Les prémices d’une conscience non organisée, incapable de se formaliser, au sens où on l’entend pour un être humain. Car la pierre n’est pas suffisamment structurée, pour créer une intelligence, permettant l’émergence d’une conscience évoluée ; celle prenant en compte son environnement, de sorte à avoir conscience d’elle-même. La pierre n’est pas structurée pour avoir ce qui permet l’analyse, comme des capteurs ou un cerveau, qui lui permettrait d’appréhender son environnement à l’aide de sa conscience. Une pierre n’est donc pas consciente, au sens, consciente d’elle-même, mais possède bien les briques élémentaires de la conscience. Conscience, juste suffisante, essentielle à son intégrité. Pour que la matière ait conscience d’elle-même, elle doit être mobile, se mouvoir elle-même et posséder des capteurs pour cela, en conséquence être vivante, au sens où on l’entend habituellement. La forme de matière qui se meut soi-même, la plus élémentaire qui soit, possède ainsi déjà une conscience plus évoluée. Qui prend en compte la nécessité de son mouvement, par les interactions qu’elle peut avoir, même très élémentaires, avec son environnement. La conscience de la pierre ne peut alors pas lui dire de se déplacer, afin de préserver son intégrité, puisque la structure de la pierre ne possède pas de capteurs, elle ne permet pas l’intention du mouvement.

LE COMPLEXE DE L'ORACLE

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