APERDYNE LE FILM - SAISON 1
ENVERS ET CONTRE TOUS
La théorie du big bang, bien que très élaborée, n’a donc pas été complètement vérifiée. Elle ne peut pas remonter au-delà d’une certaine limite également : le temps de Planck. Car au-delà, elle suggère des températures et des énergies infinies à l’univers, et là, nos lois physiques ne s’appliquent plus. De plus, même s’il semble que ce soit le cas, nous ignorons si la température possède une limite. Il est en conséquence important d’apporter une réponse sur ce sujet, avant la moindre conclusion. Alors, qui avait-il avant le big bang ? La question reste ouverte et de ce fait, d’autres modèles cosmologiques racontant la naissance de l’univers, ont pu surgir (comme la théorie des cordes). Mais celui du big bang est le plus connu, car il est celui qui a le plus d’arguments en sa faveur. D’aucuns l’accusent néanmoins d’être une théorie bricolée, parce que certains points restent toujours sans réponse et pourtant essentiels à sa validation, comme la température limite dans l’univers. L’inflation est un de ces points également. Venue au secours de la théorie, elle s’adapte comme une variable selon les besoins, permettant de raccorder les différentes observations et expériences que l’on fait de la nature. Mais l’inflation ne peut pas être vérifiée par l’expérience, on n’explique pas comment l’espace peut gonfler de la sorte. Pour l’instant, on s’en tient à dire que ce serait dû à « l’énergie noire ». La théorie explique mal également, la formation des galaxies, ou bien le décalage vers le rouge de leur lumière, qui peut avoir une autre origine que leur éloignement, etc.
Avec tout ça, la théorie nous explique qu’une formidable énergie s’est libérée lors de la création du monde. Mais alors, d’où provient cette énergie, pire, de quoi est-elle faite ? La théorie l’ignore, nul ne le sait, il n’est même pas sûr que cette question ait un sens, car la physique actuelle est impuissante à décrire l’instant initial qui a vu l’univers apparaitre. Donc la notion même d’énergie possède-t-elle un sens, dans un tel contexte ? De plus, si l’on imagine le big bang comme une injection d’énergie qui se répand dans l’univers, c’est en fait l’univers lui-même qui explose ; créant tout ce qui existe, le temps, l’espace, le vide, la matière, etc. L’énergie aurait ainsi, en sa nature, la faculté de se déployer et de se transformer selon les besoins d’un but bien précis : celui de créer la matière. Et si c’est le cas, l’énergie dépasse alors largement la notion que l’on s’en fait, celle que l’on constate et qui est surtout un concept relié à l’action, la force et la durée.
En conséquence, quelle est la nature initiale de l’énergie, de quelle intelligence cela participe et qu’est-ce qui la maintient ? On le voit, on ne peut théoriser le monde en partant d’éléments aussi fragmentaires. Ce qui nous est palpable, ne suffit pas à déduire la nature initiale des choses. Et si l’on constate que rien ne se crée et que tout se transforme, ce principe de conservation de l’énergie ne vaut que pour un système isolé et statique. Car si l’univers est en expansion, son énergie peut très bien ne pas se conserver. Quand les particules se propagent dans l’espace, leur fréquence diminue, elles sont de moins en moins énergétiques et leur énergie peut donc se perdre. Alors qu’est-ce qui fait que l’énergie s’exprime tout de même selon des règles strictes malgré tout ? On n’en sait rien et la porte ouverte à autre chose que la théorie du big bang resurgit de ce fait constamment.
Quant à la masse de l’univers, on ignore si elle est constante, car les équations de la relativité n’en disent rien. Et comme les limites de l’univers sont inaccessibles à l’observation, tout devient possible dans un monde où les choses peuvent changer. On peut cependant spéculer en décrivant sa masse par unité de volume et estimer sa densité au cours de l’évolution du temps depuis l’époque du big bang. Cette densité est très faible aujourd’hui et tend vers le zéro, car elle se serait diluée à mesure de l’inflation. Mais nous ne savons pas si l’inflation existe, et si c’est le cas, dans quelle mesure, où, quand, comment, à quelle fréquence, de quelle incidence, de quelle portée, de quelle action, etc. La liste est longue, comme tout ce qui touche à l’inconnu. Car l’inflation est juste une idée, qui nous fait donner à la réalité une histoire simple et linéaire. Mais paradoxalement, c’est aussi la preuve de la furtivité du passé. Parce que ce qui a été, n’existe pas pour l’éternité.
Une autre curiosité est la fameuse vitesse de la lumière. Nous savons qu’aucun objet ou information dans l’univers ne peut dépasser sa vitesse limite. Mais l’on pourrait se demander, en combien de temps un photon (particule de lumière) atteint la vitesse de la lumière ? Eh bien, il se trouve que cette vitesse est atteinte instantanément. Cela défie l’intuition, mais ce sont les équations de la relativité qui nous le disent. La lumière va toujours à la vitesse de la lumière. Un photon étant de masse nulle, il peut subir une accélération infinie et donc atteindre sa vitesse maximum instantanément. Logique, mais pourquoi pas plus ? Curieusement, une particule de lumière est aussi une onde, elle devrait alors dépendre du milieu dans lequel elle se propage, à l’image d’une onde sonore. Mais dans l’espace, de quoi dépend une onde lumineuse pour onduler ? Car une onde ne correspond à aucun déplacement matériel en soi, c’est une ondulation du milieu dans lequel elle apparait. Comme lorsque vous jetez un caillou dans l’eau, c’est l’eau qui ondule. Dans le cas de la lumière, on comprend alors que c’est l’espace lui-même qui pourrait être perturbé, dû à des propriétés permettant l’existence de l’onde. On pourrait ainsi penser, encore une fois, que l’espace ce n’est pas « rien » et que c’est de sa nature que dépendrait la vitesse de la lumière.
Mais dans le cas de la lumière, un support n’est pas nécessaire pour avancer dans le vide, puisqu’elle est également une particule. Alors une fois dit cela, nous ignorons quand même, pourquoi la lumière a la vitesse limite qu’est la sienne. En tout cas, il est évident que la nature de l’espace joue un rôle d’influence sur le fait que notre réalité existe, et qu’il n’est pas indissociable de ce qu’il contient. Bien au contraire, et tout ce qui est dans l’espace dépend directement de ses propriétés intrinsèques. Donc mettre l’univers en équation exige de tenir compte de cette chose inconnue qu’est l’espace, où le passé furtif y cache tous ses secrets.
À cause de la vitesse limite de la lumière, la majeure partie de l’univers nous est inconnue. La plupart des étoiles ne seront jamais observables, car elles subissent un décalage temporel. On ne saura peut-être alors jamais dans quel univers nous vivons. La théorie du big bang limite nos observations approximativement à 13,8 milliards d’années, parce qu’au-delà, selon elle, l’univers n’existait pas encore. La Terre se trouve ainsi au centre d’une sphère contenant tout ce que l’on connait, formant l’univers observable. Sa taille, par contre, ferait 45 milliards d’années-lumière de rayon et non pas 13,8 comme on pourrait s’y attendre, ceci à cause de l’expansion de l’univers qui enfle au fil du temps. Mais l’univers est certainement plus grand que cette partie observable dont on peut y compter les étoiles. La théorie estime qu’aux premiers instants de l’univers, certaines régions étaient trop éloignées pour que leur lumière ait eu le temps de nous parvenir. Ce qui fait penser que l’univers connu s’étend bien au-delà. Si l’on tient compte d’une certaine courbure de l’espace-temps, l’univers serait au moins 300 fois plus volumineux que sa partie observable, ce qui défie l’entendement. Nous ne pouvons donc pas vérifier la quantité d’étoiles réelles qui existe, puisque leurs lumières n’ont pas encore eu le temps de nous parvenir. À cause de l’expansion, on ne peut imaginer un jour voir l’ensemble de l’univers, parce que la vitesse d’éloignement augmente proportionnellement avec la distance. À partir d’un moment, cette vitesse est même plus rapide que celle de la lumière. Mais si rien ne peut aller plus vite que la lumière, il ne s’agit que de ce qui se déplace dans l’espace-temps. Là, c’est l’expansion de l’univers lui-même qui est concerné, les étoiles distantes restant visibles telles qu’elles étaient par le passé, c’est leur lumière actuelle qui n’aura jamais le temps de nous atteindre. Mais soyons prudent, tout ceci ne peut être tenu pour vérité, car l’observation est fautive, elle ne rend pas compte des choses dans un espace-temps immuable, dont on pourrait calculer l’évolution. Parce que, si le futur ne nous est pas prévisible, le passé ne l’est pas non plus, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Et ce, pour les mêmes raisons. Le passé est furtif à cause de tout ce qui ne nous apparait pas, et par le chaos qui règne en son milieu. Dans ces conditions, la théorie du big bang risque bien de nous raconter, une histoire qui n’existe pas !
Quant à la gravité, elle n’entre pas dans les calculs de la théorie, car ses mystères nous échappent encore totalement. On le voit, finalement la théorie du big bang pose autant de questions qu’elle n’apporte de réponses, mais elle est la meilleure vision que nos « petites têtes de fourmis » ont du monde pour l’instant. Alors vaut-elle mieux que celle que nous avions à l’époque où l’on théorisait la terre plate ? Pas sûr, car de nouveaux paradigmes viendront ébranler nos certitudes, n’en doutons pas. Nos connaissances ont évolué certes, mais si elles nous renseignent très bien sur notre monde local, pour ce qui est des questions fondamentales, de notre raison d’être ; nous sommes toujours confinés dans les méandres organiques, d’une boite de Petri refusant obstinément de nous révéler les secrets de son ouverture.
Plus on étudie finement la théorie du big bang et plus, on mesure l’immensité de notre ignorance. Et il y a fort à parier que les générations futures la jugeront aussi naïve que nous le faisons aujourd’hui pour la théorie de la terre plate. Mais elle nous est très utile, car elle nous fait avancer dans la compréhension du monde, en apportant le flot de questions qui nous servira à l’approche d’un au-delà éventuel. Parce qu’elle le fait déjà en nous faisant comprendre l’ahurissante complexité de ce qui fait notre réalité. Elle nous fait déjà entrevoir, l’horizon de toute autre chose, à laquelle nos esprits ne sont pas encore préparés. Et qui emmènera l’Homme vers une histoire qui est loin d’avoir dit son dernier mot…
LE COMPLEXE DE L'ORACLE